THE BATTLE OF PHOTOMONTAGES
L’adéquation parfaite entre une actualité politique foisonnante, des réseaux sociaux déchaînés, et, il faut bien le dire, des militants particulièrement cons, nous permet d’assister à une autre forme de campagne politique : celle des photomontages. Ne niez pas, vous en avez tous vu sur Facebook, Twitter (non, pas Google Plus, ils ont pas fini le quinquennat de Sarkozy là-bas).
La chose serait beaucoup plus désuète si les internautes relayaient ce genre de conneries en tant que conneries, ou si leur seul but était de faire éclater à la face du monde leur talent sur Photoshop. Mais non, là est la gravité : la plupart sont persuadés de servir leur parti politique et les intérêts du candidat du second tour.
On peut même aller encore plus loin en soulignant une seconde gravité encore plus grave que la première gravité (déjà bien assez grave) : il se peut que ça marche. C’est grave. Même si personnellement, je pense que ça devrait être prohibé par le Code pénal.
Donc, grâce à ce joli concours de circonstances, je déclare ouvert le duel des photomontages ! Ce qui donne, en anglais, et, pour le plaisir de la mise en abyme, en photomontage pourri :
Parmi le panel de belles choses que m’offraient les réseaux sociaux, j’en ai retenu deux, une de chaque camp pour respecter le temps de connerie. Quoiqu’il ne soit pas encore établi qu’un tel montage soit un vrai avantage. Je commence d’abord par celle qui m’a le plus choqué : aussi inutile que débile, la critique photomontagée du CV de Jean Sarkozy.
Vous remarquerez que j’ai pris le soin de discrètement mettre en valeur les éléments importants de cette image – grâce à des formes géométriques particulièrement soignées.
- Alors d’abord : pourquoi Jean Sarkozy ? Je veux bien concéder qu’il a une tête représentative d’un certain électorat UMP, mais ce n’est quand même pas lui qui se présente.
- Il a raté hypokgâgne, il a abandonné sa classe de prépa, et a mis 4 ans à avoir son DEUG de droit. D’accord. Et ça se passe comment pour tous ceux qui ne font pas d’études supérieures ? Ils valent autant, voire moins que lui ? La réussite scolaire et sociale n’est pourtant pas un critère de valeur pour le PS, aux dernières nouvelles.
- La « dérogation de papa » et le « merci papa » insistent très finement sur le pistonnage dont a bénéficié Jean de son père. D’accord. Beaucoup de jeunes (diplômés ou pas) ont recours à ce genre de pratique pour trouver un travail, parce que « tu comprends, avec la conjoncture économique actuelleah… »
Au final, la seule information qui me paraît valable, dans le but de discréditer l’UMP est la moins mise en évidence : Nicolas Sarkozy occupe un poste pour lequel il ne semble pas remplir les compétences universitaires requises.
On peut alors conclure que niveau débilité, ce premier photomontage se hisse haut dans le classement du battle. Passons à la suivante.
Voici notre deuxième participant : un photomontage assez particulier. Au-delà de l’évidente parodie de l’affiche de campagne de Sarkozy – enfin, je crois, l’auteur a voulu ajouter une note humoristique d’actualité.
- Oui, une note d’actualité morbide, sinistre. Mais après tout on s’en moque, Desproges nous a garanti qu’on pouvait rire de tout; qu’il valait mieux rire de la mort car elle, se riait sûrement de nous. On peut retenir que la métaphore du naufrage est pertinente, en ce qu’elle est bien mise en scène (l’uniforme de marin joue ici un rôle inimaginable).
- Viens ensuite la vanne, qu’on peut qualifier d’aussi facile qu’évidente, sur le physique ingrat de François. Alors si une campagne présidentielle doit être un terrible champ de bataille où s’affrontent deux candidats sans la moindre pitié, reconnaissez-lui au moins ça putain : il a fait un régime. Ce montage nous apporte cependant une information essentielle : si l’on savait déjà que la hauteur d’un président déterminait la qualité de son mandat, on sait aussi désormais que la largeur en est un facteur déterminant.
- « La France molle ». Alors je sais pas vous, mais je trouve que ce sont justement ce genre de choses qui traduisent l’impuissance chronique du débat politique français. Et si des personnes qualifient François Hollande de « mou », n’est-ce pas fait par analogie avec le président sortant, à qui pourtant on reproche sa nervosité ? Je ne comprends plus rien.
Le combat a été serré, chaque équipe a su tirer profit, à la fois des défauts de son adversaire, que de la propension de plus en plus flagrante de la politique française à ne plus ressembler à rien. Cependant, je pense que le premier photomontage gagne la palme d’or.
Tout ça pour bien évidemment vous faire comprendre que :
J’en ai marre de vos montages à la con, et de vos débats politiques à deux balles qui les suivent.
Faites comme les gens normaux : soit vous en riez, soit vous vous en foutez. Mais ne prenez surtout pas la connerie pour des lanternes.